Théâtres du monde
Performer les récits de la Terre (gaïa, anthropocène, zone critique)
Intervenant.es
Frédérique Aït-Touati
Metteure en scène et directrice artistique de la compagnie Zone Critique, chercheuse CNRS, historienne des sciences
Esther Denis
Artiste plasticienne, scénographe et collaboratrice de la compagnie Zone Critique
Duncan Evennou
Metteur en scène, comédien et collaborateur de la compagnie Zone Critique
La compagnie Zone Critique
Depuis près de 20 ans, la compagnie Zone Critique explore différents modes d’écriture théâtrale et développe les imaginaires scientifiques et écologiques. Entre théâtre, histoire des sciences, philosophie et performance, ses projets interrogent les conséquences esthétiques et politiques du changement de cosmos que nous racontent les sciences du Système Terre.
Calendrier
- 4 novembre 2024 – Frédérique et Duncan (16h) / Introduction
- 5 et 6 novembre 2024 – Duncan (16h) / Situer
- 14 et 15 novembre 2024 – Esther (12h) / Explorer
- 28 et 29 novembre 2024 – Duncan et Esther (24h) / Performer
Ce workshop interdisciplinaire, proposé en collaboration par Frédérique Aït-Touati, metteure en scène et historienne des sciences, Duncan Evennou, acteur et chercheur et Esther Denis, artiste plasticienne et scénographe interroge la manière dont les arts performatifs peuvent contribuer à la représentation du monde et du présent, mais aussi à son étude.
En proposant d’accompagner les étudiant.es dans la création d’une performance en dialoguant avec les collections du Musée de Zoologie et d’Anthropologie de l’ULB à Bruxelles, nous souhaitons proposer un format innovant pour ce workshop, à la fois une résidence de recherche et un cours expérimental, s’appuyant sur nos différentes expériences, pratiques et recherches actuelles.
Depuis la fin du vingtième siècle, les sciences du système terrestre associées à la biologie ont profondément transformé la relation entre l’espèce humaine et le monde qu’elle habite, au point d’opérer un renversement vertigineux : il apparaît clairement que les organismes vivants n’occupent pas seulement le monde, mais qu’ils le fabriquent. Selon les chercheurs, éthologues, ethnologues, géochimistes, biologistes qui repeuplent sans cesse la Terre, mettant en évidence de nouvelles dimensions, il semble que la vie soit beaucoup plus nombreuse et beaucoup plus diversifiée qu’on ne le pensait et que le monde ait d’autres limites que celles communément admises. Ces nouvelles approches scientifiques exigent de repenser la relation à la terre et aux lieux de conservation du vivant afin de naviguer dans une Terre changeante et imprévisible.
L’afflux massif d’animaux, de plantes, surtout d’arbres, de roches, de coraux, de bactéries, de rivières et de montagnes, transforme profondément non seulement les dramatis personae (la liste des personnages) des essais, romans, poèmes, œuvres plastiques et cinématographiques de ces dernières années, mais la notion même de récit dans toutes ses dimensions : actuelle, temporelle et structurelle. À la suite de William Cronon qui a rouvert la liste, Anna Tsing renouvelle profondément le répertoire des intrigues disponibles dans l’histoire environnementale (mais aussi dans l’histoire tout court) en élargissant la liste de ses acteurs.
Comment les pratiques performatives peuvent-elles transformer la scène en un laboratoire ouvert et collectif et faire de la scène le lieu d’expression et d’exploration d’une expérience située et partagée ? Comment la performance peut-elle renforcer ses liens avec les sciences sociales et les pratiques expérimentales ?
Ce sont ces liens que nous tenterons d’établir sur le plan théorique et pratique.